Postée le 16 Jul 2012
entre peinture et poésie...
Dans son vieux pardessus râpé
Il s'en allait l'hiver, l'été
Dans le petit matin frileux
Mon vieux.
Y avait qu'un dimanche par semaine
Les autres jours, c'était la graine
Qu'il allait gagner comme on peut
Mon vieux.
L'été, on allait voir la mer
Tu vois c'était pas la misère
C'était pas non plus le paradis
Hé oui tant pis.
Dans son vieux pardessus râpé
Il a pris pendant des années
Le même autobus de banlieue
Mon vieux.
Le soir en rentrant du boulot
Il s'asseyait sans dire un mot
Il était du genre silencieux
Mon vieux.
Les dimanches étaient monotones
On ne recevait jamais personne
Ça ne le rendait pas malheureux
Je crois, mon vieux.
Dans son vieux pardessus râpé
Les jours de paye quand il rentrait
On l'entendait gueuler un peu
Mon vieux.
Nous, on connaissait la chanson
Tout y passait, bourgeois, patrons,
La gauche, la droite, même le bon Dieu
Avec mon vieux.
Chez nous y avait pas la télé
C'est dehors que j'allais chercher
Pendant quelques heures l'évasion
Tu sais, c'est con!
Dire que j?ai passé des années
A côté de lui sans le r?garder
On a à peine ouvert les yeux
Nous deux.
J'aurais pu c'était pas malin
Faire avec lui un bout de chemin
Ça l'aurait peut-être rendu heureux
Mon vieux.
Mais quand on a juste quinze ans
On n'a pas le cœur assez grand
Pour y loger touts ces choses-là
Tu vois.
Maintenant qu'il est loin d'ici
En pensant à tout ça, je me dis
"J'aimerais bien qu'il soit près de moi"
PAPA...
Peinture de Esteban Navarro